5% des enfants en France vivent avec la dyspraxie, un trouble encore trop souvent ignoré des bancs de l’école comme des cabinets médicaux. L’enquête de l’Inserm, commandée par le Fonds National de Solidarité pour l’Autonomie, met au jour une réalité têtue : sans détection précoce ni accompagnement adapté, ces jeunes risquent d’être freinés dans leur parcours scolaire et quotidien.
La dyspraxie fait partie des troubles de la coordination du développement (CDT). Elle se manifeste dès le plus jeune âge, mais bien des familles naviguent à vue avant d’obtenir un diagnostic. Les répercussions sur la vie de l’enfant sont multiples : s’habiller, manger, écrire, toutes ces tâches prennent des allures de montagnes à gravir. L’école devient alors un terrain d’obstacles, où chaque journée peut virer au parcours du combattant.
Le diagnostic se fait souvent attendre, alors même que la dyspraxie ne vient jamais seule. Selon l’Inserm, elle s’accompagne fréquemment d’autres troubles neurodéveloppementaux : difficultés dans le langage, problèmes d’attention, troubles spécifiques des apprentissages. À cela s’ajoute un risque accru de troubles anxieux ou émotionnels, qui pèsent lourd sur la qualité de vie et l’intégration à l’école. L’écriture manuscrite, en particulier, cristallise les difficultés d’inclusion des élèves concernés.
Après avoir consulté une douzaine de spécialistes et passé au crible plus de 1 400 publications scientifiques, les chercheurs de l’Inserm formulent plusieurs axes d’action clairs pour les enfants présentant un CDT.
Recommandations de l’Inserm pour mieux repérer la dyspraxie
Renforcer le diagnostic précoce
L’Inserm insiste sur la nécessité de mieux former les professionnels pour repérer les premiers signes et affiner l’évaluation de la dyspraxie chez l’enfant. Un diagnostic efficace suppose la collaboration de plusieurs intervenants : un médecin rompu aux troubles du développement, mais aussi un psychomotricien ou un ergothérapeute. Cette approche concertée permet d’établir un portrait précis des difficultés et d’éclairer la suite du parcours.
Accompagner l’enfant après le diagnostic
Pour que les enfants dyspraxiques et leur famille retrouvent un peu de souffle, des pistes concrètes émergent. Les chercheurs préconisent :
- Des séances de groupe pour les jeunes dont les troubles de la coordination restent modérés, afin de favoriser les échanges et l’apprentissage en collectif.
- Des suivis individuels pour ceux qui nécessitent un accompagnement sur mesure, adapté à leurs besoins spécifiques.
- Un accent mis sur le développement des compétences utiles à l’école et dans la vie quotidienne, avec la participation active de l’entourage (parents, enseignants, éducateurs).
Garantir la poursuite de la scolarité
Impossible d’imaginer l’enfant livré à lui-même face à l’école. L’Inserm rappelle que des aménagements doivent être mis en place, notamment lors des examens, conformément à la loi de 2005 sur le handicap. Mais l’enjeu va au-delà des textes : il s’agit d’inscrire la sensibilisation et la formation des adultes dans le quotidien, que ce soit à la maison, à l’école ou lors des activités périscolaires.
Face à la dyspraxie, chaque étape franchie compte. Former, adapter, accompagner : c’est ainsi que l’on dessine un parcours scolaire où plus aucun enfant ne reste sur le quai, oublié par le train du développement.

