Avoir pris ou avoir prit : astuces pour éviter les fautes

Écrire « J’ai prit » ou « Elle a prit » équivaut à glisser une fausse note dans une partition parfaitement connue. Pourtant, cette erreur s’infiltre partout, jusqu’au cœur des échanges professionnels. Le piège ? Une ressemblance sonore trompeuse et un automatisme nourri par la rapidité du clavier. Savoir trancher entre « pris » et « prit » relève moins du réflexe que d’une vigilance active, celle qui distingue une plume sûre d’une écriture distraite.

Pourquoi la confusion entre « pris » et « prit » persiste-t-elle ?

Si cette faute refuse de disparaître, c’est surtout parce qu’à l’oral, « pris » et « prit » semblent se confondre. À l’oreille, aucune différence, rien qui vienne alerter. Mais sur la page, le verdict tombe : un seul choix se justifie selon la construction. De nombreux exemples illustrent ce dérapage : « j’ai prit » s’invite dans des courriels, des rapports, jusqu’aux réseaux sociaux. Le réflexe sonore supplante la règle écrite, la vigilance s’émousse.

L’empressement à répondre, à rédiger vite, contribue à ce télescopage des formes. Chacun tape à la volée, relit parfois distraitement et laisse passer la confusion, même dans les échanges professionnels. Certains tentent de s’appuyer sur des outils de correction automatique pour rectifier le tir, mais rien ne remplace la connaissance de la règle. Mieux vaut revenir à la base pour s’assurer de la justesse du mot.

Pour clarifier la distinction, voici comment se présentent ces deux formes :

  • « Pris » : participe passé du verbe « prendre », employé après l’auxiliaire avoir.
  • « Prit » : passé simple, réservé à la troisième personne du singulier, surtout dans les récits ou certains écrits littéraires.

La confusion se nourrit alors d’un double phénomène : d’un côté, l’emprise des habitudes orales ; de l’autre, le flou qui s’installe sur des notions grammaticales moins familières. Si certains logiciels de correction limitent les dégâts, seule l’attention à la règle permet d’écrire sans trébucher.

Comprendre la règle : le participe passé et le passé simple du verbe « prendre »

Le verbe « prendre », classique du troisième groupe, concentre à lui seul plusieurs pièges du français écrit. Dès que la phrase contient l’auxiliaire « avoir », la solution est simple : il faut choisir « pris ». Cela fonctionne dans tous les cas : « j’ai pris », « tu as pris », « il a pris »… Ce choix est une constante, sans exception à signaler.

Le participe passé « pris » ne change sa forme que si un complément d’objet direct féminin ou pluriel le précède, comme dans « La décision que j’ai prise ». À l’exception de ces accords, la terminaison reste la même : « ils ont pris », « elles ont pris ». Le passé simple, lui, se limite à la troisième personne du singulier : « il prit la parole ». Pas d’auxiliaire, pas d’accord au féminin ou au pluriel, jamais après « avoir ».

Temps Forme Exemple
Passé composé pris (participe passé) Nous avons pris le train.
Passé simple prit (passé simple) Elle prit une décision.

Cet enchaînement se retrouve dans d’autres verbes du troisième groupe : « mettre » donne « mis/mit », « comprendre » donne « compris/comprit », « faire » donne « fait/fit », avec le même principe. Le choix de la terminaison dépend toujours du temps utilisé.

Des exemples concrets pour ne plus hésiter

Exemples à l’écrit : la clarté des contextes

Pour rendre la distinction limpide, voici des phrases à garder en référence. Dès que l’auxiliaire « avoir » précède, ce sera forcément le participe passé « pris » : « Elle a pris ses clés avant de sortir. » Noter « Elle a prit » constituerait une faute, peu importe la situation. Au pluriel, rien ne change : « Ils ont pris une décision ferme. » L’accord ne s’applique qu’avec un complément d’objet direct placé avant : « Les résolutions qu’elles ont prises. »

À l’inverse, le passé simple s’émancipe de tout auxiliaire : « Il prit la parole. » Ce temps exprime une action ponctuelle, souvent réservée à la narration ou à la littérature. Les usages sont clairs : « j’ai pris » pour le passé composé, « il prit » pour le passé simple, sans jamais les mélanger.

Expressions usuelles et autres verbes du troisième groupe

Le verbe « prendre » se retrouve dans un grand nombre d’expressions. Quelques exemples permettent de s’en souvenir :

  • Prendre un bain
  • Prendre feu
  • Prendre du recul
  • Prendre soin

Dans toutes ces combinaisons, dès qu’on écrit au passé composé avec « avoir », la forme « pris » domine : « Nous avons pris soin de lui. »

On retrouve ce même principe pour les autres verbes du troisième groupe : « mettre » (j’ai mis / il mit), « comprendre » (j’ai compris / il comprit), « faire » (j’ai fait / il fit). Le passé simple reste celui des récits ; le participe passé accompagne « avoir » dans la vie courante.

Groupe d

Petites astuces infaillibles pour éviter l’erreur à l’écrit

Pour éviter l’hésitation entre « pris » et « prit », quelques techniques permettent d’y voir clair. La plus fiable : remplacer « prendre » par un autre verbe du même groupe. Si la phrase fonctionne avec « j’ai mis » (« j’ai prit » sonne tout de suite étrange comparé à « j’ai mis ») alors la terminaison correcte est « pris ».

Autre méthode rapide : mettre la phrase au pluriel. On dira « nous avons pris », jamais « nous avons prit ». Ce passage au pluriel révèle instantanément la bonne terminaison.

Le test du féminin du participe passé aide également. On écrira « la décision que j’ai prise », puisque le participe passé s’accorde. La forme au passé simple, « prit », reste invariable, il n’existe ni « prite » ni « prits » : c’est un indice précieux pour lever le doute.

Sur écran comme sur feuille, le choix entre « pris » et « prit » témoigne de l’attention portée à la langue ; il révèle le soin de l’auteur et, souvent, la précision de son propos.

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